Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 17:05

Princesse Jade,

intégrale du Chapitre 2,

première partie

(titre provisoire)

 

http://img685.imageshack.us/img685/3082/httpsquall21000unblogfr.jpg

 

 

 

Chapitre 2

 

Keen allait et venait dans les couloirs du vaisseau.

Elle était inquiète. Ou plutôt furieuse.

Un peu des deux, en fait, décida-t-elle.

Non seulement, elle n’avait pas réussi à voir cet homme, Tackle Vinch. Mais en plus, elle s’était fait un bel ennemi. Un homme qui aurait pu l’aider dans sa quête. Une personne qui allait s’avérer très dangereuse, elle le sentait.

« Où est-ce que ça a foiré ?! » se demanda-t-elle pour la énième fois.

J’ai programmé les coordonnées du système d’Aldorande. Il nous faudra pas mal de temps pour y arriver, mais on pourra faire quelques haltes en cours de route.

Lahti venait d’arriver, la sortant de ses sombres pensées.

Keen soupira. Aldorande. Elles seraient au cœur de la galaxie. Là où beaucoup de choses de passent: plus de commerce, plus de population, plus de rencontres.

Mais il leur faudrait environ 6 mois pour l’atteindre. Un long périple.

Une longue fuite. Encore une fois.

Fais demi-tour, décida-t-elle subitement.

Quoi ?! lança Lahti surprise. Tu es folle ou quoi ? Ils ne vont pas nous lâcher comme ça !

Keen fixa son amie.

Je n’ai pas envie de fuir toute ma vie. Et puis, ce Commandant… Corrigan a des informations !

Lahti leva les yeux au ciel. Elle resta quelques secondes à fixer le plafond, pour réfléchir, puis posa son regard sur Keen.

Tu as un plan ? demanda-t-elle.

J’ai une idée, répondit Keen.

Lahti hocha la tête en soupirant.

Elle lui ferait confiance, une fois de plus.

 

Le Princesse Jade décrivit un large cercle pour se rediriger vers Th’aar.

Là, indiqua Keen en montrant une petite lune du doigt. Cache-toi ici, sur cette lune.

Lahti mania l’appareil avec dextérité à l’endroit qu’indiquait sa compagne.

Ce n’est pas une lune, remarqua-t-elle une fois rapprochées. C’est un… satellite abandonné, apparemment.

La jeune femme plissa les yeux, puis haussa les épaules. Qu’importait, après tout, tant qu’elles étaient cachées.

Et maintenant ? demanda Lahti

Lance un Golper.

Lahti fronça les sourcils, mais obéit.

Le Golper, petit engin de surveillance de forme ronde, était doté de picots sensitifs et d’une caméra.

Lahti appuya sur un bouton de son tableau de bord et la machine fût éjectée dans l’espace.

Keen commanda le dispositif, et le plaça en marge de la route principale de décollage. Elle avait ainsi une vision parfaite de chaque vaisseau en approche. Elle ne pouvait pas louper le Black Falcon.

Lahti mit le vaisseau en veille, et posa les pieds sur le tableau de bord.

Keen fronça les sourcils.

Tu crois qu’ils vont partir comme ça, sans attendre, avec deux blessés ? fit Lahti ironique.

Elle avait raison.
Keen se dit qu’ils soigneraient d’abord leurs blessés avant de prendre la route.

Elle posa le transmetteur qui lui permettait de voir la route spatiale éclairée des lumières de Th’aar, et s’installa confortablement.

Elle serait patiente cette fois-ci.

 

Corrigan attendit que le robot-médical ait fini de panser sa blessure.

Il attrapa ensuite sa chemise et regarda l’entaille rougie de sang séché.

Contrarié, il la roula en boule et la jeta dans une poubelle.

Il se leva avec précaution de la table médicale sur laquelle il était assis et, torse nu, sortit de la salle.

Dans les couloirs de son vaisseau, il croisa Deyl.

Est-ce que ça va ? demanda ce dernier, inquiet.

Corrigan hocha la tête.

Ouai, ça va, fit-il sombrement, sans s’arrêter.

Deyl le regarda s’éloigner en fronçant les sourcils.

Ce n’était pas le genre du Commandant de faire une tête pareille.

Corrigan arriva dans la pièce qui lui servait de chambre, de bureau, et d’un peu tout en fait.

La pièce était assez grande pour contenir deux lits couchettes, fixés contre un mur l’un au dessus de l’autre à droite de l’entrée, un grand bureau au centre, quelques chaises et fauteuils éparpillés ça et là, et un petit cabinet de douche dissimulé dans un recoin derrière une porte grise.

Il fouilla dans un placard et attrapa un t-shirt noir qu’il enfila.

Il se dirigea ensuite vers l’ouverture à gauche de l’entrée. Une fois dans la petite salle de bain, il se passa de l’eau sur le visage.

Pendant quelques secondes, il regarda son visage dégoulinant dans la glace.

Il détailla ses cheveux bruns en bataille, ses yeux marron parsemés d’éclats dorés.

Il avait une peau assez mate, et son teint, buriné par des escapades dans des mondes chauds, gardait quelques séquelles de bagarres rencontrées lors de ces expéditions.

Il passa une main hésitante dans sa barbe poivre et sel.

« Bon Dieu ! Pourquoi ne pas lui avoir tiré dessus ? » se demanda-il de nouveau.

Il était resté là, à la fixer, sans un geste. Elle avait pourtant montrer de quoi elle était capable, pensa-t-il en effleurant sa blessure encore douloureuse.

Il en était là de ses pensées, quand quelqu’un frappa à la porte.

Il s’approcha de l’entrée, et ouvrit la porte.

 

Corrigan regardait les droïdes s’activer autour de Boro.

Deyl était venu un peu plus tôt lui annoncer qu’on l’avait retrouvé, agonisant dans une ruelle.

Sa vie n’était plus en danger, mais il s’en était fallu de peu.

Il avait perdu une quantité importante de sang.

Heureusement, on avait pu le transfuser à temps, grâce aux produits synthétiques que fournissaient les banques médicales.

Corrigan s’approcha de lui.

Comment tu te sens ? demanda-t-il en se rendant compte de la futilité de sa question.

Il n’avait pas l’air en forme du tout. Des cernes creusaient ses yeux.

Ça va, mentit Boro en essayant de se relever.

Le Commandant s’y opposa:

Tu devrais rester coucher, conseilla-t-il. Tu as perdu pas mal de sang…

Ça va, ça va ! rétorque l’autre en grimaçant.

Debout, appuyé contre la table, Boro essaya d’attraper un vêtement.

Il arrêta son geste, et replia le bras contre sa poitrine, paralysé par la douleur.

Le souffle court, il vacilla.

Corrigan le rattrapa avant qu’il tombe et glissa un bras sous ses aisselles pour l’aider à se recoucher.

Finalement, je vais me reposer un peu, lança Boro goguenard.

Ouai, fais donc ça, fit le Commandant d’un air soucieux.

Corrigan fit quelques pas dans la pièce.
Boro le regarda faire un instant.

Que se passe-t-il ?

Le Commandant se racla la gorge, passa les doigts dans sa barbe.

Cette fille… commença-t-il avec hésitation.

Ce phénomène, tu veux dire? lança Boro souriant presque.

L’autre fronça les sourcils.

Ca te fait rire ? demanda-t-il circonspect.

Oh écoute, j’ai vu pire. Elle essaie de sauver sa peau, après tout. J’aurais fait la même chose.

Mouai… grogna l’autre. Tu as des renseignements sur elle ?

Boro le fixa un instant.

J’en ai, répondit-il lentement. Si ça t’intéresse…

Ça m’intéresse, lança le Commandant, un peu trop brusquement.

 

Keen fut réveillée en sursaut par un bip agaçant.

Elle avait passé plusieurs heures à surveiller les vaisseaux qui quittaient la planète. Et jusqu’à maintenant, aucun signe de Corrigan.

Puis, le mouvement s’était ralenti et plus aucun vaisseau n’avait traversé l’espace pendant des heures.
Elle avait fini par s’endormir.

Elle revint à la réalité à cause de la lumière qui se dégageait du transmetteur visuel du Golper.

Elle attrapa l’engin en se frottant les yeux, et regarda l’image.

Un vaisseau approchait.

Keen plissa les yeux pour essayer de distinguer de quel appareil il s’agissait.

Elle n’eut pas à attendre longtemps. La caméra du Golper zooma sur le nom de l’appareil.

Black Falcon.

« On y est ! » pensa-t-elle avec excitation.

Où allez-vous, mon bon Capitaine ? chantonna-t-elle gaiement.

Le bruit tira Lahti de sa torpeur.

Elle se frotta les yeux.

C’est lui ?

Keen hocha la tête.

Tu peux calculer les coordonnées de sa trajectoire ? demanda-t-elle plus sérieusement.

Lahti hocha la tête.

Tous les vaisseaux étaient équipés de balises en série, permettant de les localiser n’importe où.

Si Corrigan n’avait pas fait enlever la sienne – comme beaucoup de contrebandiers – elles avaient une chance de le suivre à la trace.

 

Keen regarda la plaine alentour.

Encore une planète semi-désertique.

L’étendue était recouverte d’une herbe rase, brûlée à certains endroits par les soleils jumeaux en orbite autour de l’astre.

Au loin, une forêt cachait la ligne d’horizon.

La jeune femme grogna quelque chose d’incompréhensible.

Où est-on ? finit-elle par demander.

Pahl antti, système Ok’Preslaï, répondit Lahti qui passait son temps à étudier les cartes spatiales.

Keen la regarda d’un air d’incompréhension. Ca ne l’avançait pas tellement puisqu’elle ne savait pas vraiment où se situait ce système dans la Galaxie.

Lahti haussa les épaules.

Au nord-ouest par rapport à notre précédent arrêt, Th’aar, fit-elle en balançant sa main gauche vers le haut.

Keen hocha la tête.  Elle arrivait maintenant à se situer par rapport au centre de la galaxie : elles étaient au nord-ouest.

Elle n’arrivait jamais à se repérer dans l’espace. C’était abstrait pour elle. Il fallait qu’elle mette tout à plat sur une feuille pour se repérer grâce aux points cardinaux.

Ils se sont posés où ?

Lahti montra un point devant elle, légèrement à l’ouest.

A environ cinq kilomètres d’ici.

Keen regarda leur vaisseau en réfléchissant, puis la plaine devant elles.

Active le mode camouflage, je crois qu’on va devoir marcher…

 

La marche fut aisée.

La planète, de gravité légèrement inférieure à la normale, leur donnait la sensation d’être plus légère que la normale.

Les deux jeunes femmes avaient pris soin de prendre des capsules contre le mal de l’espace pour éviter les maux de têtes et les nausées consécutifs au changement de gravité.

Elles arrivèrent très vite à l’orée de la forêt.

Keen se rendit compte qu’en fait de forêt, il s’agissait simplement d’une barrière boisée de quelques mètres qui cachaient une autre plaine.

 

Lorsqu’elles réussirent à traverser la barrière d’arbres enchevêtrés, le spectacle qui s’offrit à leurs yeux leur coupa le souffle.

Sans pouvoir l’expliquer, cette plaine était bien différente de la précédente, rêche et désertique.

Celle-ci était verdoyante, riche en essence de toutes sortes et d’une beauté ravageuse.

La grandeur du lieu était impressionnante. Au moins cent fois le lieu où elles avaient atterrit.

Peut-être mille fois, pensa Keen à part elle.

Le vert absinthe  de la prairie s’opposait merveilleusement au rouge profond des lianes qui entouraient presque chaque arbre.

Au loin, le gris cendreux d’un cratère ternissait la plaine. Il était fait de pentes abruptes terminées par des pics vertigineux pointant fièrement vers le ciel qui semblait en accord avec le monstre crachant encore quelques lampées de lave rougeoyante.

Un grondement lointain résonna dans l’air. Keen n’aurait su dire si le bruit venait du cratère lui-même ou de l’amoncellement de nuages sombres regroupés au dessus de lui.

Lahti s’avança sur le chemin et s’engagea sur une petite route pavée.

La voie descendait vers la plaine.

Keen la suivit.

A leur gauche, quelques ruines d’un bâtiment. Peut-être un temple, au vu des statues en morceaux qui gisaient ça et là.

Le chemin sillonnait la plaine en de jolies courbes harmonieuses pour arriver jusqu’à une petite ville entourée de murs de pierres blanches.

Keen stoppa en fronçant les sourcils.

Où ont-ils atterrit ?

Lahti s’arrêta à son tour et se retourna à moitié.

A environ un kilomètre à l’est d’ici, répondit-elle, attendant que son amie, qui avait toujours pris les plus importantes décisions, fasse un choix.

Y a-t-il une autre ville par là-bas ?

Lahti attrapa son datacorp, tapa plusieurs fois sur l’écran tactile, une fois pour avoir la carte spatiale de ce coin de l’univers, une autre fois pour avoir cette planète et enfin, une dernière fois pour avoir la ville toute proche.

Hum… non, pas d’autre ville. Celle-ci est la seule à des centaines de kilomètres à la ronde.

Aargh, grogna Keen. Ca veut dire qu’ils risquent de nous voir arriver… Le terrain est dégagé, fit-elle en montrant la plaine devant elles, et je suis sûre que cette ville n’a pas souvent de visiteur. Autant débarquer avec les troupes de la Police Interplanétaire et des gyrophares !

Lahti haussa les épaules et remonta la pente pour être à la hauteur de sa compagne.

On peut aussi aller directement à leur vaisseau et les attendre là-bas, dit-elle en le paysage à sa droite.

Le regard de Keen alla de la petite ville de pierre blanche en contrebas, jusqu’à un point indéfini vers l’est, comme si elle voyait le vaisseau.

Les minutes passèrent.

Sans rien dire, elle retourna vers la forêt.
Elle passa les mains sur son visage en soupirant.

Qu’est-ce que je fous là, bon dieu ! Je suis tellement fatiguée…

Lahti vint près d’elle. Elle commençait à avoir l’habitude des sautes d’humeur de son amie. Connaissant ce qu’elle avait subi en prison pendant quatre ans, elle lui pardonnait volontiers ses excès de tempérament.

On cherche ton père, Keen. Ne l’oublie pas. C’est pour lui qu’on est là. Le Commandant a des infos qui pourrait nous aider à le retrouver.

Keen regarda la jeune fille.

Et toi, pourquoi tu es là ? Ce n’est pas ton père. Même pas ta famille.

Lahti la fixa de ses yeux noisette.

Je suis là pour toi, répondit-elle simplement.

Keen s’apprêtait à rétorquer quelque chose lorsque son amie continua :

Et puis, qu’est-ce que je pourrais bien faire d’autres de toutes façons?! dit-elle avec enthousiasme. J’ai une vie de rêve : je voyage, je vois du monde, je mange à l’œil, et j’ai ma dose d’adrénaline tous les jours ! Tu sais, tu m’as manqué pendant quatre ans : je me suis ennuyée à mort ! fit-elle en grimaçant exagérément.

Sur ces dernières paroles, elle se leva et commença à longer la lisière des arbres, ne laissant que le choix à Keen de la suivre.

Cette dernière soupira et marcha à sa suite.

Tout était déjà oublié.

 

Il ne leur fallut pas très longtemps pour apercevoir, au loin, des formes qui se mouvaient dans la plaine en contrebas.

Keen attrapa le bras de sa compagne et la tira brutalement à l’abri à terre.

Eh ! Qu’est-ce qu’il se passe ?! s’exclama Lathi, surprise.

Sans rien dire, Keen montra un point à cinq cents mètres environ devant elles.

Il y avait quelqu’un caché dans les arbres. Elle ne pouvait pas voir clairement de qui il s’agissait, mais elle pouvait voir la silhouette.

Corrigan était prudent. Il avait mis des sentinelles.

Lahti attrapa des mini jumelles, scratchées à son pantalon.

Après avoir regardé un instant, elle les passa à Keen et s’allongea tranquillement sur le dos, les mains derrière la tête.

Cette dernière zooma alors sur les intrus.

Elle eut un petit rire goguenard.

Boro... Il a l’air en pleine forme ! s’exclama-t-elle après un instant de réflexion.

Avec les cuves régénératrices, pas étonnant ! lança Lahti d’un air moqueur. Tu connais l’autre ? continua-t-elle en se retournant de trois quart.

Keen reprit les jumelles pour observer les hommes.

Elle entraperçût Boro qu’elle avait reconnu au premier coup d’œil : des cheveux brun très court encadrant un visage à l’ovale un peu long, auquel une mâchoire carrée donnait un air agressif.  Il avait un teint basané, un nez droit et une fine cicatrice barrait sa joue gauche, remontant jusqu'à l'œil. Elle n’avait pas besoin de voir ses yeux pour se souvenir de leur couleur claire, oscillant entre le vert et le gris. Des yeux qui auraient pu transpercer un mur d’acier.

Elle n’aimait pas son regard, d’autant plus que la balafre qui courait le long de son visage lui donnait déjà un air menaçant.

La jeune femme attendit que l’autre homme bouge pour essayer de voir son visage.

Elle eut de la chance, il se tourna vers elle. Elle eut même la frayeur de croire qu’il l’avait repéré. Mais, bien aplaties au sol et immobiles, les jumelles étant équipée d’un antireflet, il y avait en plus peu de chance pour qu’il remarque un quelconque scintillement venant d’elles.

Keen ne le connaissait pas. Son visage ne lui disait rien.

Il avait lui aussi des cheveux foncés, mais ils étaient plus longs que ceux de Boro.

Ils tombaient sur sa nuque et ses oreilles comme des baguettes. Ses yeux avaient l’air sombre, mais elle était trop loin pour voir exactement leur couleur. Elle voyait seulement qu’ils n’étaient pas ronds, mais tirés sur les temps.

Il venait certainement de Sisina. La plupart des gens aux yeux bridés venait des planètes de ce système solaire. Ou bien, elles en étaient les descendantes.

Connais pas, répondit-elle enfin à Lahti. Sans doute un sbire de Corrigan, continua-t-elle en réfléchissant.

Lahti lui montra le vaisseau en contrebas.

Tu as vu ce qu’ils font ?

Keen reprit les jumelles et observa.

Le « Black Flacon » était un sacré vaisseau.

Un cargo d’environ vingt-cinq mètres composé d’un disque à l’avant relié par deux bras au reste du vaisseau, le tout terminé par un module cylindrique qui tournait sur lui-même, permettant à l’engin de capter son énergie.

A côté, leur vaisseau semblait ridicule. Il était deux fois plus petit et ne pouvait contenir que deux pilotes et deux passagers.

Toutefois, Keen savait le sien plus rapide et plus maniable, et elle en retirait une certaine fierté.

La jeune femme remarqua la soute grande ouverte du vaisseau et les caisses que le Commandant s’apprêtait à ranger.

Pour l’instant, il discutait avec un petit homme sec qui ne tenait pas en place et semblait très nerveux.

« Que pouvait bien contenir ces caisses ? » se demanda Keen.

Elle reposa lentement les jumelles.

Alors ?

Lahti la regardait, attendant sa décision.

Keen passa un doigt sur sa lèvre supérieure et frotta doucement le renflement qui montait à son nez.

Tu penses qu’on peut atteindre le cargo sans se faire remarquer ?

Lahti prit les jumelles et observa toute la zone : le cargo, l’engin motorisé avec lequel était arrivé l’inconnu et sa remorque contenant la dizaine de caisses qu’ils étaient en train de décharger. Elle observa le chemin découvert qui menait jusqu’à la forêt, là où étaient planqués les deux hommes.

Ca va être dur… Il n’y a pas beaucoup d’endroit où se cacher pour les approcher…

Mais c’est faisable ou pas ?

Keen s’en remettait entièrement à Lahti sur les questions techniques.

C’est faisable, répondit finalement Lahti. Il faudrait contourner nos deux copains là-bas, expliqua-t-elle en montrant l’orée de la forêt. On passe derrière eux, assez loin pour ne pas se faire remarquer. Le plus dur sera de rejoindre le vaisseau. Il y a un passage à découvert… Il faudrait faire une diversion de l’autre côté…

Keen sourit.

J’ai une idée…

Lahti regarda sa compagne, un début de sourire aux lèvres.

On va s’amuser, j’ai l’impression.

Keen acquiesça.

Tu vas repartir au vaisseau…

Comme Lahti fronçait les sourcils, désapprouvant l’idée, elle leva la main pour couper court à toutes objections.

Je vais contourner les sentinelles. Quand je me retrouverais face au vaisseau, tu devras faire une diversion pour que je puisse me faufiler à l’intérieur.

Pas de problème pour la diversion… mais une fois là-dedans, tu fais quoi ?

Je les laisse m’embarquer, répondit Keen avec un clin d’œil.

Lahti fit la grimace.

Tu risques de te faire tuer ! Si Corrigan te trouve, il…

Si Corrigan avait voulu me tuer, il l’aurait fait quand il m’a attrapé dans la ruelle ! coupa Keen.

Lahti soupira.

De toute façon, elle n’avait pas trop le choix. Quand Keen avait une idée en tête, elle la mettait systématiquement en pratique.

Ok pour la diversion, mais fais attention à toi ! la somma son amie. N’oublie pas ton satcom (1) pour rester en contact.

Keen secoua la tête.

Pas de satcom : je serais obligé d’émettre sur leur fréquence et ils entendraient toutes nos conversations. Aucun intérêt. Non, je prendrais juste ma balise. Tu pourras savoir où je suis et venir m’aider le cas échéant.

Mais comment saurais-je que tu as besoin d’aide ?!

Keen haussa les épaules.

Je ferais du boucan, tu ne pourras pas le manquer…

Lahti soupira, mais acquiesça.

Bon ok. Attends-moi ici que je ramène le vaisseau dans le coin.

La jeune femme rampa vers l’intérieur de la forêt aussi longtemps que possible, puis se leva pour courir vers le vaisseau.

Il n’y eut aucun mouvement suspect du coté des hommes.

(1) Satcom : engin de communication via satellite.

 

Boro observait soigneusement les alentours.

Deyl, à ses côtés, piétinait sur place.

Il n’y a jamais personne ici, je ne vois pas à quoi ça sert de surveiller.

Boro émit un vague « hum ».

Il était vrai que la dizaine de fois précédentes où ils avaient fait affaire ici, rien d’exceptionnel ne s’était passé.

La planète était quasi déserte.

La ville, à quelques kilomètres d’eux, ne comptait que peu d’habitants. Et rare étaient ceux qui s’aventuraient à l’extérieur des remparts.

Mais Boro était prudent. S’il était encore en vie aujourd’hui avec le boulot qu’il faisait, c’était bien parce qu’il ne se fiait à personne et qu’il se méfiait de chaque situation.

Un oiseau caqueta dans son dos, s’envolant à travers les arbres.

Deyl s’accroupit instantanément en jetant sa cigarette, la main sur son arme.

Boro, allongé par terre, se retourna sur le dos et pointa son arme en direction du bruit.

Ils entendirent le volatile battre des ailes contre les branches, puis le silence revint. Boro jeta un coup d’œil à Deyl, qui fit une moue signifiant « je n’en ai aucune idée ».

Ils attendirent plusieurs minutes, mais rien ne se passa.

Leur attention revint vers le cargo.

Corrigan finissait de charger les dernières caisses.

Ils allaient bientôt pouvoir partir.

L’explosion les prit au dépourvu.

Une énorme gerbe de flammes s’échappa du petit moteur tribord de l’appareil.

Corrigan, qui se trouvait non loin, bascula en arrière sous le souffle de l’explosion.

Boro, arme au poing, dévala la pente qui le séparait du chemin. Il dût s’y reprendre à plusieurs fois et poser une main au sol car la descente était abrupte.

Deyl resta à son poste, un genou au sol, pour le couvrir.

Lorsqu’une deuxième explosion retentit, sur le moteur bâbord, ce dernier rejoignit ses compagnons.

Il arrivait devant l’appareil quand une salve d’arme laser le cueillit.

Il se jeta à terre et évita le tir qui passa loin au dessus de sa tête.

On plie bagages ! cria Corrigan au même moment.

Boro attrapa la dernière caisse et la balança dans la soute. Le bois explosa et le continue valdingua en tout sens. Il ne s’en préoccupa pas, le matériel était solide.

Corrigan jeta un petit paquet à l’homme sec qui lui avait fourni les caisses et lui dit de dégager. L’homme prit ses jambes à son cou et repartit vers la ville.

Une deuxième salve les frôla.

Corrigan jura et se précipita dans la soute. Boro le suivit de peu.

Dans le poste de pilotage, il mit les moteurs en route et appuya sur le bouton de remontée de la passerelle.

Amène-toi Deyl ! On se tire !

Ce dernier arriva à son tour.

Tout est ok ? demanda-t-il essoufflé.

Corrigan, qui vérifiait l’état du vaisseau via l’ordinateur de bord, hocha la tête.

Apparemment oui. Seuls les moteurs auxiliaires ont été touché. Les moteurs principaux n’ont rien…

C’est bien mal visé, fit remarquer Boro, si on voulait nous arrêter…

Deyl et le Commandant se tournèrent vers lui.

C’est vrai que j’ai largement pu éviter le laser tout à l’heure… murmura Deyl

Prend les commandes, lui ordonna le Commandant. Eloigne-nous d’ici le plus vite possible ! Boro, vient avec moi.

Arme au poing, ils se dirigèrent vers la soute.

Tu penses à un coup monté ? demanda Corrigan.

Je ne vois pas d’autre explication.

Tu n’as vu personne ?

Boro secoua la tête.

C’est bizarre qu’on se soit fait attaquer, sans aucun vrai dommage ni sur nous, ni sur le vaisseau… Donc, soit l’attaquant vise très mal, soit il vise très bien au contraire et il a tout orchestré.

Les moteurs en ont quand même prit un coup, fit remarquer Boro, pragmatique, comme à son habitude.

Des moteurs inutiles, contra le Commandant avec énervement. Ils ne nous servent qu’en cas de panne.

Et tu as des ennemis qui en voudraient à ta peau ?

Corrigan s’arrêta net dans le couloir qui menait à la soute. Feignant de réfléchir, il répondit :

Laisse-moi voir… Tu veux parler de la moitié de cette galaxie que j’ai volée… ou de l’autre moitié qui me court après pour m’arrêter ? Sans parler de ta copine qui a failli t’étriper et…

C’est bon, j’ai compris, le coupa Boro. Tu as une vie presque aussi intéressante que la mienne…

Corrigan émit un son inintelligible et haussa les épaules en reprenant son chemin.

 

 

 

Vers l'intégrale du Chapitre 2, deuxième partie...


 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Chronica
  • : J'ai 39 ans et ma passion, c'est l'écriture. À tel point que j'ai fait 4 ans de cours d'écriture. J'écris depuis que j'ai 18 ans. Voici ce que je propose dans ce blog: mes écrits, des conseils et méthodes d'écriture, un forum pour partager nos idées, des liens amis sur l'écriture et autres et des musiques d'inspiration pour écrire... Mon plus gros défaut: ne jamais terminer ce que je commence (-_-) Mes genres de prédilections: SF, Fantasy, thriller, policier et romance.
  • Contact

Accueil Sommaire+GeneralMes+EcritsCours+d%27Ecriture

ForumLibrairie